Fatigue, irritabilité… Quand la luminothérapie peut nous aider à surmonter l’hiver.
Baisse d’énergie, troubles du sommeil, anxiété… A l’approche de l’hiver, et du manque de soleil qui en découle, nous pouvons ressentir ces symptômes. La luminothérapie peut être une solution. Explications avec le docteur Thomas Schwitzer, psychiatre, praticien hospitalier au Centre psychothérapique de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Les jours raccourcissent. La lumière se fait plus rare. En cette période hivernale, certains d’entre nous, affectés par le manque de luminosité, ressentent une baisse d’énergie et, dans des cas plus graves, trouvent leur sommeil perturbé ou encore développent des troubles de l’humeur. La luminothérapie peut être un remède à tous ces maux.
Si elle s’avère efficace dans ce coup de blues dit hivernal, elle l’est aussi dans des cas de dépression plus sévère confirme le docteur Thomas Schwitzer, psychiatre, maître de conférences à l’Université de Lorraine, praticien hospitalier au Centre psychothérapique de Nancy (pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie d’adultes du Grand Nancy dirigé par le professeur Raymund Schwan).
Quels sont les effets d’une baisse de luminosité chez les individus ?
Toute une série de symptômes peut se développer lorsqu’un sujet manque de lumière : une baisse d’énergie, une fatigue plus importante, une sensibilité au stress plus grande, une irritabilité… On peut ressentir ces choses-là sans rentrer dans une maladie comme la dépression. Quand les personnes présentent des critères de dépression avec un ralentissement de l’activité du cerveau et du corps, des troubles du sommeil et de l’appétit, une perte de plaisir, l’incapacité à faire les activités de la vie quotidienne, l’anxiété, et qu’ils répondent aux critères de saisonnalité, c’est-à-dire qu’ils apparaissent en hiver mais pas en été, on parle de « dépression saisonnière ».
En quoi la luminothérapie va aider les individus à surmonter ce « coup de blues hivernal » ou la dépression dite « saisonnière » ?
La luminothérapie, qui consiste en l’émission de lumière par un dispositif fixe – une lampe – ou portatif – lunettes -, va permettre d’apporter la lumière manquante en raison des jours qui diminuent. Celle-ci va pénétrer dans l’œil, et plus précisément dans la rétine, pour ensuite atteindre les centres de régulation des rythmes circadiens dans le cerveau c’est-à-dire le mécanisme jour-nuit et veille-sommeil. Les rythmes sont régulés par différents marqueurs externes dont le plus important est la lumière du jour. Quand il existe des variations de lumière du jour, l’horloge circadienne s’en trouve perturbée et bousculée. L’objectif est de resynchroniser les rythmes circadiens par la régulation de molécules chimiques au niveau du cerveau. La principale molécule chimique impactée est la mélatonine. La luminothérapie va restaurer, rééquilibrer les sécrétions de mélatonine sur une journée (jour et nuit).
La luminothérapie peut-elle aussi traiter la dépression non saisonnière ?
Tout à fait. La luminothérapie peut traiter la baisse d’énergie hivernale et, à un stade plus avancé, la dépression saisonnière. Elle est aussi aujourd’hui indiquée dans le traitement de la dépression non saisonnière. Des études récentes ont démontré l’efficacité et le bénéfice apporté par la luminothérapie dans le traitement de la dépression avec ou sans prise médicamenteuse. Il y a un certain nombre de patients qui, aujourd’hui, ne vont pas répondre au traitement antidépresseur ou qui vont y répondre de manière insuffisante. L’origine de la dépression peut alors être différente. C’est la voie de la mélatonine, régulée par la luminothérapie, qui peut ainsi être explorée.
Quelles sont les règles à respecter quand on utilise la luminothérapie ?
On utilise la luminothérapie en une séance quotidienne de préférence le matin, le plus tôt possible, après le réveil, qui est traditionnellement entre 7h et 9h, pendant 20 à 30 minutes, sur plusieurs semaines. Les premiers effets notamment sur le niveau d’énergie et sur les rythmes veille-sommeil peuvent être ressentis très rapidement après quelques jours d’utilisation.
Peut-on faire confiance aux dispositifs proposés sur le marché ?
Les dispositifs respectent les critères de qualité d’une lampe de luminothérapie et les dispositifs fixes ou portatifs sont conçus pour administrer la bonne quantité d’énergie lumineuse pour permettre une fonction thérapeutique. Les lampes fixes émettent une lumière blanche dont l’éclairement lumineux est d’environ 10 000 lux. C’est un traitement bien toléré.